vendredi 24 février 2012

Comment je suis devenue lesbienne

Je me remémorais récemment avec Maman pastèque les beaux joujoux de mon enfance. Nous nous sommes mises à faire l'inventaire de mes poupées. Car oui, avant de m'intéresser aux G.I. Joe et de porter une casquette blanche de pépère avec un snap en avant et un imprimé rouge Suis-je un démon?, j'ai joué avec des poupées. J'ai eu le beau bébé blond en jaquette bleu poudre auquel j'ai fini par couper les cheveux comme Aurore l'enfant martyre. Il y a eu la petite poupée épeurante qui, si je me rappelle bien, appartenait à ma plus jeune tante qui était à peine plus âgée que moi. Elle aurait dû me remercier au lieu de brailler, car j'ai dû lui épargner bien des cauchemars en lui volant creepy baby. J'ai aussi eu une Fraisinette grand format qui sentait bon la fraise artificielle. Quelques années plus tard, pour Noël, j'ai reçu Bébé patine. Bébé patine venait chaussée d'une paire de patins à roulettes. Il suffisait de remonter le mécanisme deux tours de trop pour que ses petites jambes s'emballent et qu'elle tombe face première sur l'asphalte. Mes amies et moi l'avons souvent crinqué au boutte' juste pour le plaisir de voir Bébé patine partir comme une folle pour planter trois secondes plus tard. Nous en retirions presque le même plaisir que s'il s'était agi d'une petite fille en chair et en os.

Mais je crois que l'une de mes poupées favorites fut sans contredit La poupée qui donne des becs.

C'est la version années 50. J'ai eu celle des années 80.

La poupée qui donne des becs donnait (vous l'aurez deviné) des becs. Il suffisait de coller la bouche de la poupée sur sa joue et de peser sur son ventre pour que retentisse un smac sonore. Inutile de dire qu'on s'est beaucoup bécottées elle et moi. (Vous me direz sans doute que c'est effectivement inutile de le mentionner et que ça fait vraiment weirdo.) Je me souviens que je la traitais comme une amie et que je lui piquais parfois une jasette dans ma cabane en couvertes. (Je ne devrais peut-être pas dire ça non plus.) Bref, c'est en parlant de ma poupée préférée avec Maman pastèque que j'en suis venue à cette conclusion.

C'est pas la faute à la coiffeuse. Ce n'est pas à cause des G.I. Joe. Ni parce que j'ai passé trop de temps avec mon cousin à attraper des grenouilles dans le renvoi d'égoût qu'on appelait « le p'tit ruisseau ».

La poupée qui donne des becs = la poupée qui rend gay.

Mystère résolu.

7 commentaires:

  1. Alors, on "devient" lesbienne? ... je pensais que c'était comme dans les gènes ou je sais pas trop.

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  2. Moi j'ai reçu la poupée qui régurgite pis qui pisse. Mais à 10-11 ans. À l'âge ou ça devient troublant.
    Ça doit être pour ça que je suis devenue célibataire.

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    1. Au fond, mon post aurait dû s'intituler : « La poupée qui change la vie », ou « Une poupée, un destin ».

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  3. Moi j'ai eu un Ken Docteur. J'lui ai piqué son habit de doc, l'ai décoré avec du carton pour faire des médailles comme sur un uniforme de colonel, ai coupé les cheveux de ma Barbie, l'ai fait rentrer dans l'armée et LÀ je suis devenue lesbienne.

    Comme ma mère le dit si bien: c'est à cause des germes qu'on devient gai!

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    1. Lui avez-vous au moins laissé ses talons hauts? (Je parle de Barbie et pas de Ken Docteur, bien sûr. Quoi que...)

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    2. Ken Docteur a porté le paréo extra-large jusqu'au retour du front de Barbie. Elle n'est jamais revenue.
      Barbie était au "combat" (avec Jem dans le winnibago) et portait toujours ses talons, mais moins souvent son pantalon.

      Merci pour ce moment d'auto-psychanalyse.

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